Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/272

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IX MARGOT


Je signais d’un grand paraphe
Un billet doux bien écrit ;
J’avais toute l’orthographe,
Margot avait tout l’esprit.

Sa bouche,, où quelque-ironie
Avait l’air de dire : osez,
Était la Californie
Des rires et des baisers.
 
Que je fusse un imbécile,
C’était probable ; et pourtant
La belle trouvait facile
De m’adorer en chantant,

Jusqu’au jour où, pour la mode
Changeant d’amours et de ton,
Margot trouverait commode
De devenir Margoton.

Nous étions quelques artistes,
Des poètes, des savants,
Qui jetions nos songes tristes
Et nos jeunesses aux vents.

Nous étions les capitaines
De la fanfare et des chants,
Des parisiens d’Athènes,
Athéniens de Longchamps.