Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/96

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— Si c’était Ordener Guldenlew ! se disait-il ; en ce cas ma pauvre Ulrique… Mais non ; il est impossible qu’on soit assez fou pour préférer la fille indigente d’un prisonnier d’état à la fille opulente d’un ministre tout-puissant. En tout cas, la fille de Schumacker pourrait n’être qu’une fantaisie, et rien n’empêche, quand on a une femme, d’avoir en même temps une maîtresse ; cela même est de bon ton. Mais non, ce n’est pas Ordener. Le fils du vice-roi ne se vêtirait pas d’un justaucorps usé ; et cette vieille plume noire sans boucle, battue du vent et de la pluie ! et ce grand manteau dont on pourrait faire une tente ! et ces cheveux en désordre, sans peignes et sans frisure ! et ces bottines à éperons de fer, souillées de boue et de poussière ! Vraiment ce ne peut être lui. Le baron de Thorvick est chevalier de Dannebrog ; cet étranger ne porte aucune décoration d’honneur. Si j’étais chevalier de Dannebrog, il me semble que je coucherais avec le collier de l’ordre. Oh non ! il ne connaît seulement pas la Clélie. Non, ce n’est pas le fils du vice roi.