Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/279

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L’ORATEUR DU PARLEMENT, découvert et debout,
ainsi que tous les assistants.
Mylord ! nous vous portons les bills du parlement.

Votre altesse verra, dans ce qu’il lui propose,
À quel point nous aimons la bonne vieille cause.
Daignez sanctionner nos lois.

CROMWELL.
Nous allons voir.

L’ORATEUR, se tournant vers le clerc.
Çà, clerc du parlement, faites votre devoir.
LE CLERC DU PARLEMENT, d’une voix haute et tenant ouvert
le registre des délibérations.
Le vingt-cinquième jour de juin, neuvième année

De cette liberté, que Dieu nous a donnée.
Voici les derniers bills, votés en parlement.
Primo. Considérant qu’on peut imprudemment
Pécher, comme Noé, par le fruit de la vigne,
Et jurer de saints noms sans volonté maligne.
Le parlement susdit veut, dans l’intention
D’adoucir sur ce point la législation,
Qu’on se borne à punir, avec miséricorde.
Les ivrognes du fouet, les jureurs de la corde.

CROMWELL.
C’est bien peu. — Qui blasphème un Dieu que nous prions

Vaut bien les assassins, même les histrions !
Pourquoi le moins punir ? — Ces lois sont transitoires...

Ainsi, nous consentons.
L’orateur et les membres du parlement s’inclinent.

LE CLERC, continuant de lire.
Secundo. Les victoires
Que vient de remporter Robert Blake, amiral,

Recevront les honneurs d’un jeûne général.
La chambre, ayant longtemps consulté les saints-livres,
Lui donne un diamant du prix de cinq cents livres ;
En outre, elle prescrit que des exploits si beaux
Soient immortalisés dans ses procès-verbaux.