Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/89

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LORD ORMOND, bas à lord Rochester.

Notre accès belliqueux était fort ridicule,
Mylord. Restons-en là. J’avais le premier tort.
Soyons amis.


LORD ROCHESTER, s’inclinant.

Je suis à vos ordres, mylord.


LORD ORMOND.

Comte, ne pensons plus qu’au roi, dont le service
A besoin que ma main à la vôtre s’unisse.


LORD ROCHESTER.

Marquis, c’est un bonheur pour moi, comme un devoir.

Ils se serrent la main.

Eh ! n’est-ce pas assez, juste Dieu, que d’avoir
Sur le corps, par l’effet de nos guerres fatales,
Exil, proscription, sentences capitales,
Sa tête mise à prix, vendue, et cætera,

Il désigne du geste son déguisement.

Et ce chapeau de feutre, et ce manteau de drap ?

CARR.
Il fait lentement quelques pas, joint les mains sur sa poitrine, lève les yeux au ciel, puis les promène tour à tour sur les trois cavaliers.

Frères ! continuez ! — Quand au prêche j’arrive.
Je suis du saint banquet le moins digne convive.
Que nul pour le vieux Carr ne se lève ! Je vois
Que ce bruit, qu’au dehors m’ont apporté vos voix.
Était un doux combat d’armes spirituelles.


LORD ROCHESTER, à part.

Peste !


CARR, poursuivant.

Ces luttes-là me sont habituelles ;

Reprenez ces combats qui nourrissent l’esprit.


LORD ROCHESTER, bas à Davenant.

Ou le font rendre.