Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/105

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mes du peuple, et il en avait vu l’âme dans Dea.

Il venait d’en voir la réalité.

Une peau tiède et vivante, sous laquelle on sentait couler un sang passionné, des contours ayant la précision du marbre et l’ondulation de la vague, un visage hautain et impassible, mêlant le refus à l’attrait, et se résumant en un resplendissement, des cheveux colorés comme d’un reflet d’incendie, une galanterie de parure ayant et donnant le frisson des voluptés, la nudité ébauchée trahissant le souhait dédaigneux d’être possédée à distance par la foule, une coquetterie inexpugnable, l’impénétrable ayant du charme, la tentation assaisonnée de perdition entrevue, une promesse aux sens et une menace à l’esprit, double anxiété, l’une qui est le désir, l’autre qui est la crainte. Il venait de voir cela. Il venait de voir une femme.

Il venait de voir plus et moins qu’une femme, une femelle.

Et en même temps une olympienne.