Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/133

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Gwynplaine reconnut le mousse de la duchesse.

Avant que Gwynplaine eût pu jeter un cri de surprise, il entendit la voix grêle, à la fois enfantine et féminine, du mousse qui lui disait :

— Trouvez-vous demain à pareille heure à l’entrée du pont de Londres. J’y serai. Je vous conduirai.

— Où ? demanda Gwynplaine.

— Où vous êtes attendu.

Gwynplaine abaissa ses yeux sur la lettre qu’il tenait machinalement dans sa main.

Quand il les releva, le mousse n’était plus là.

On distinguait dans la profondeur du champ de foire une vague forme obscure qui décroissait rapidement. C’était le petit laquais qui s’en allait. Il tourna un coin de rue, et il n’y eut plus personne.

Gwynplaine regarda le mousse disparaître, puis il regarda la lettre. Il est des moments dans la vie où ce qui vous arrive ne vous arrive pas ; la stupeur vous maintient quelque temps à