Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/138

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Les épouvantes se succédèrent dans son esprit.

La première, ce fut de se croire fou.

Il était fou. C’était certain. Ce qu’il venait de voir n’existait pas. Les simulacres crépusculaires jouaient de lui, misérable. Le petit homme écarlate était une lueur de vision. Quelquefois, la nuit, rien condensé en une flamme vient rire de vous. Après s’être moqué, l’être illusoire avait disparu, laissant derrière lui Gwynplaine fou. L’ombre fait de ces choses-là.

La seconde épouvante, ce fut de constater qu’il avait toute sa raison.

Une vision ? mais non. Eh bien ! et cette lettre ? Est-ce qu’il n’avait pas une lettre entre les mains ? Est-ce que ne voilà pas une enveloppe, un cachet, du papier, une écriture ? Est-ce qu’il ne sait pas de qui cela vient ? Rien d’obscur dans cette aventure. On a pris une plume et de l’encre, et l’on a écrit. On a allumé une bougie, et l’on a cacheté avec de la cire. Est-ce que son nom n’est pas écrit sur la lettre ?