Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/140

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non. Une belle. Une bohémienne ? Non. Une duchesse.

Qu’y avait-il là dedans, et qu’est-ce que cela voulait dire ? Quel péril qu’un tel triomphe ! mais comment ne pas s’y jeter à tête perdue ?

Quoi ! cette femme ! la sirène, l’apparition, la lady, la spectatrice de la loge visionnaire, la ténébreuse éclatante ! Car c’était elle. C’était bien elle.

Le pétillement de l’incendie commençant éclatait en lui de toutes parts. C’était cette étrange inconnue ! la même qui l’avait tant troublé ! Et ses premières pensées tumultueuses sur cette femme reparaissaient, comme chauffées à tout ce feu sombre. L’oubli n’est autre chose qu’un palimpseste. Qu’un accident survienne, et tous les effacements revivent dans les interlignes de la mémoire étonnée. Gwynplaine croyait avoir retiré cette figure de son esprit, et il l’y retrouvait, et elle y était empreinte, et elle avait fait son creux dans ce cerveau inconscient, coupable d’un songe. À son insu, la profonde gravure de