Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gwynplaine ! Des bras de courtisane s’ouvraient dans un nimbe pour le serrer contre un sein de déesse ! Et cela sans souillure. Ces majestés-là ne noircissent pas. La lumière lave les dieux. Et cette déesse qui venait à lui savait ce qu’elle faisait. Elle n’était pas ignorante de l’horreur incarnée en Gwynplaine. Elle avait vu ce masque qui était le visage de Gwynplaine ! et ce masque ne la faisait pas reculer. Gwynplaine était aimé quoique !

Chose qui dépassait tous les songes, il était aimé parce que ! Loin de faire reculer la déesse, ce masque l’attirait ! Gwynplaine était plus qu’aimé, il était désiré. Il était mieux qu’accepté, il était choisi. Lui, choisi !

Quoi ! là où était cette femme, dans ce royal milieu du resplendissement irresponsable et de la puissance en plein libre arbitre, il y avait des princes, elle pouvait prendre un prince ; il y avait des lords, elle pouvait prendre un lord ; il y avait des hommes beaux, charmants, superbes, elle pouvait prendre Adonis. Et qui