Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/145

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elle sujette à des devoirs quelconques ? À quelle famille appartenait-elle ? Y avait-il autour d’elle des pièges, des embûches, des écueils ? Ce qu’est la galanterie dans les hautes régions oisives, qu’il y ait sur ces sommets des antres où rêvent des charmeuses féroces ayant pêle-mêle autour d’elles des ossements d’amour déjà dévorés, à quels essais tragiquement cyniques peut aboutir l’ennui d’une femme qui se croit au-dessus de l’homme, Gwynplaine ne soupçonnait rien de cela ; il n’avait pas même dans l’esprit de quoi échafauder une conjecture, on est mal renseigné dans le sous-sol social où il vivait ; pourtant il voyait de l’ombre. Il se rendait compte que toute cette clarté était obscure. Comprenait-il ? Non. Devinait-il ? Encore moins. Qu’y avait-il derrière cette lettre ? Une ouverture à deux battants, et en même temps une fermeture inquiétante. D’un côté l’aveu. De l’autre l’énigme.

L’aveu et l’énigme, ces deux bouches, l’une provocante, l’autre menaçante, prononcent la même parole : Ose !