Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/213

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saient apercevoir des escaliers, ceux-ci montant, ceux-là plongeant. On arriva à une porte fermée, elle s’ouvrit, on passa, elle se referma. Puis on rencontra une deuxième porte, qui livra passage, puis une troisième, qui tourna de même sur ses gonds. Ces portes s’ouvraient et se refermaient comme toutes seules. On ne voyait personne. En même temps que le couloir se rétrécissait, la voûte s’abaissait, et l’on en était à ne plus pouvoir marcher que la tête courbée. Le mur suintait ; il tombait de la voûte des gouttes d’eau ; le dallage qui pavait le corridor avait la viscosité d’un intestin. L’espèce de pâleur diffuse qui tenait lieu de clarté devenait de plus en plus opaque ; l’air manquait. Ce qu’il y avait de singulièrement lugubre, c’est que cela descendait.

Il fallait y faire attention pour s’apercevoir qu’on descendait. Dans les ténèbres, une pente douce, c’est sinistre. Rien n’est redoutable comme les choses obscures auxquelles on arrive par des pentes insensibles.