Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/239

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chapeau et son manteau, le prit par les épaules et lui fit faire face à la lumière du côté de l’homme enchaîné. Le visage de Gwynplaine se détacha dans toute cette ombre, avec son relief étrange, pleinement éclairé.

En même temps le wapentake se courba, saisit par les tempes entre ses deux mains la tête du patient, tourna cette tête inerte vers Gwynplaine, et de ses deux pouces et de ses deux index écarta les paupières fermées. Les yeux farouches de l’homme apparurent.

Le patient vit Gwynplaine.

Alors, soulevant lui-même sa tête et ouvrant ses paupières toutes grandes, il le regarda.

Il tressaillit autant qu’on peut tressaillir quand on a une montagne sur la poitrine, et il cria :

— C’est lui ! oui ! c’est lui !

Et, terrible, il éclata de rire.

— C’est lui ! répéta-t-il.

Puis il laissa retomber sa tête sur le sol, et il referma les yeux.