Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/280

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La chose en ce monde qui peut le plus être hideuse, c’est la joie.

Il eut cette volupté de déguster le premier la gourde de Hardquanonne. Il eut l’air peu surpris, l’étonnement étant d’un petit esprit. D’ailleurs, n’est-ce pas ? cela lui était bien dû, à lui qui depuis si longtemps faisait faction à la porte du hasard. Puisqu’il attendait, il fallait bien que quelque chose arrivât.

Ce nil mirari faisait partie de sa contenance. Au fond, disons-le, il avait été émerveillé. Quelqu’un qui eût pu lui ôter le masque qu’il mettait sur sa conscience devant Dieu même, eût trouvé ceci : Précisément, en cet instant-là, Barkilphedro commençait à être convaincu qu’il lui serait décidément impossible, à lui ennemi intime et infime, de faire une fracture à cette haute existence de la duchesse Josiane. De là un accès frénétique d’animosité latente. Il était parvenu à ce paroxysme qu’on appelle le découragement. D’autant plus furieux qu’il désespérait. Ronger son frein, expression tragique et vraie ! un mé-