Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/33

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lons que l’homme pèse plus mort que vivant, que le sang du bouc dissout l’émeraude, qu’une chenille, une mouche et une araignée aperçues sur le même arbre annoncent la famine, la guerre et la peste, qu’on guérit le mal caduc au moyen d’un ver qu’on trouve dans la tête du chevreuil, n’en croyez rien, ce sont des erreurs. Mais voici des vérités : la peau de veau marin garantit du tonnerre ; le crapaud se nourrit de terre, ce qui lui fait venir une pierre dans la tête ; la rose de Jéricho fleurit la veille de Noël ; les serpents ne peuvent supporter l’ombre du frêne ; l’éléphant n’a pas de jointures et est forcé de dormir debout contre un arbre ; faites couver par un crapaud un œuf de coq, vous aurez un scorpion qui vous fera une salamandre ; un aveugle recouvre la vue en mettant une main sur le côté gauche de l’autel et l’autre main sur ses yeux ; la virginité n’exclut pas la maternité. Braves gens, nourrissez-vous de ces évidences. Sur ce, vous pouvez croire en Dieu de deux façons ; ou comme la soif croit à l’orange, ou