Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

royaux, s’approchait de la fenêtre, écoutait le jaillissement de la fontaine, constatait les statues, comptait avec une patience de somnambule les colonnes de marbre, et disait : Cela est.

Et il touchait son habit de satin, et il s’interrogeait :

— Est-ce que c’est moi ? Oui.

Il était en pleine tempête intérieure.

Dans cette tourmente, sentit-il sa défaillance et sa fatigue ? But-il, mangea-t-il, dormit-il ? S’il le fit, ce fut sans le savoir. Dans de certaines situations violentes, les instincts se satisfont comme bon leur semble sans que la pensée s’en mêle. D’ailleurs sa pensée était moins une pensée qu’une fumée. Au moment où le flamboiement noir de l’éruption se dégorge à travers son puits plein de tourbillons, le cratère a-t-il conscience des troupeaux qui paissent l’herbe au pied de sa montagne ?

Les heures passèrent.

L’aube parut et fit le jour. Un rayon blanc