Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/329

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souffert, et de pouvoir leur crier : J’ai été près de tout ce dont vous êtes loin ! À ces patriciens repus d’illusions, il leur jettera la réalité à la face ; et ils trembleront, car il sera vrai, et ils applaudiront, car il sera grand. Il surgira parmi ces tout-puissants, plus puissant qu’eux ; il leur apparaîtra comme le porte-flambeau, car il leur montrera la vérité, et comme le porte-glaive, car il leur montrera la justice. Quel triomphe !

Et tout en faisant ces constructions dans son esprit, lucide et trouble à la fois, il avait des mouvements de délire, des accablements dans le premier fauteuil venu, des sortes d’assoupissements, des sursauts. Il allait, venait, regardait le plafond, examinait les couronnes, étudiait vaguement les hiéroglyphes du blason, palpait le velours du mur, remuait les chaises, retournait les parchemins, lisait les noms, épelait les titres, Buxton, Homble, Gumdraith, Hunkerville, Clancharlie, comparait les cires et les cachets, tâtait les tresses de soie des sceaux