Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en disant : Quel dommage que tu n’aies pas une figure comme cela ! Quelques-unes battaient leurs petits de fureur de les trouver beaux. Plus d’une, si elle eût su le secret, eût arrangé son fils « à la Gwynplaine ». Une tête d’ange qui ne rapporte rien ne vaut pas une face de diable lucrative. On entendit un jour la mère d’un petit qui était un chérubin de gentillesse et qui jouait les cupidons, s’écrier : On nous a manqué nos enfants. Il n’y a que ce Gwynplaine de réussi. Et, montrant le poing à son fils, elle ajouta : — Si je connaissais ton père, je lui ferais une scène !

Gwynplaine était une poule aux œufs d’or. Quel merveilleux phénomène ! Ce n’était qu’un cri dans toutes les baraques. Les saltimbanques, enthousiasmés et exaspérés, contemplaient Gwynplaine en grinçant des dents. La rage admire, cela s’appelle l’envie. Alors elle hurle. Ils essayèrent de troubler Chaos vaincu, firent cabale, sifflèrent, grognèrent, huèrent. Cela fut pour Ursus un motif de harangues horten-