Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/55

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L’Homme qui Rit avait porté coup aux prêches. Le vide ne s’était pas fait seulement dans les baraques, mais dans les églises. Les chapelles des cinq paroisses de Southwark n’avaient plus d’auditoire. On délaissait le sermon pour aller à Gwynplaine. Chaos vaincu, la Green-Box, l’Homme qui Rit, toutes ces abominations de Baal, l’emportaient sur l’éloquence de la chaire. La voix qui harangue dans le désert, vox clamantis in deserto, n’est pas contente, et adjure volontiers le gouvernement. Les pasteurs des cinq paroisses se plaignirent à l’évêque de Londres, lequel se plaignit à sa majesté.

La plainte des bateleurs se fondait sur la religion. Ils la déclaraient outragée. Ils signalaient Gwynplaine comme sorcier et Ursus comme impie.

Les révérends, eux, invoquaient l’ordre social. Ils prenaient fait et cause pour les actes du parlement violés, laissant l’orthodoxie de côté. C’était plus malin. Car on était l’époque de M. Locke, mort depuis six mois à peine, le