Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et il sentit dans ses veines comme une transfusion généreuse. Quelque chose de salubre et de tumultueux se précipitait en lui. L’irruption violente des bonnes pensées, c’est un retour au logis de quelqu’un qui n’a pas sa clef, et qui force honnêtement son propre mur. Il y a escalade, mais du bien. Il y a effraction, mais du mal.

— Dea ! Dea ! Dea ! répéta-t-il.

Il s’affirmait à lui-même son propre cœur.

Et il fit cette question à haute voix :

— Où es-tu ?

Presque étonné qu’on ne lui répondît pas.

Il reprit, regardant le plafond et les murs, avec un égarement où la raison revenait :

— Où es-tu ? où suis-je ?

Et dans cette chambre, dans cette cage, il recommença sa marche de bête farouche enfermée.

— Où suis-je ? à Windsor. Et toi ? à Southwark. Ah ! mon Dieu ! voilà la première fois qu’il y a une distance entre nous. Qui donc a