Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/140

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saltimbanque. Raison de plus. Un bateleur vaut un lord. D’ailleurs, qu’est-ce que les lords ? des clowns. Tu as une noble taille, tu es très bien fait. C’est inouï que tu sois ici. Quand es-tu arrivé ? Depuis combien de temps es-tu là ? Est-ce que tu m’as vue nue ? je suis belle, n’est-ce pas ? j’allais prendre mon bain. Oh ! je t’aime. Tu as lu ma lettre ! L’as-tu lue toi-même ? Te l’a-t-on lue ? Sais-tu lire ? Tu dois être ignorant. Je te fais des questions, mais n’y réponds pas. Je n’aime pas ton son de voix. Il est doux. Un être incomparable comme toi ne devrait pas parler, mais grincer. Tu chantes, c’est harmonieux. Je hais cela. C’est la seule chose en toi qui me déplaise. Tout le reste est formidable, tout le reste est superbe. Dans l’Inde, tu serais dieu. Est-ce que tu es né avec ce rire épouvantable sur la face ? Non, n’est-ce pas ? C’est sans doute une mutilation pénale. J’espère bien que tu as commis quelque crime. Viens dans mes bras.

Elle se laissa tomber sur le canapé et le fit tomber près d’elle. Ils se trouvèrent l’un près