Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/141

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de l’autre sans savoir comment. Ce qu’elle disait passait sur Gwynplaine comme un grand vent. Il percevait à peine le sens de ce tourbillon de mots forcenés. Elle avait l’admiration dans les yeux. Elle parlait en tumulte, frénétiquement, d’une voix éperdue et tendre. Sa parole était une musique, mais Gwynplaine entendait cette musique comme une tempête.

Elle appuya de nouveau sur lui son regard fixe.

— Je me sens dégradée près de toi, quel bonheur ! Être altesse, comme c’est fade ! Je suis auguste, rien de plus fatigant. Déchoir repose. Je suis si saturée de respect que j’ai besoin de mépris. Nous sommes toutes un peu des extravagantes, à commencer par Vénus, Cléopâtre, mesdames de Chevreuse et de Longueville, et à finir par moi. Je t’afficherai, je le déclare. Voilà une amourette qui fera une contusion à la royale famille Stuart dont je suis. Ah ! je respire ! J’ai trouvé l’issue. Je suis hors de la majesté. Être déclassée, c’est être délivrée. Tout rompre, tout