Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/151

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Ses cheveux avaient des frissons de crinière ; sa robe se refermait, puis se rouvrait ; rien de charmant comme ce sein plein de cris sauvages, les rayons de son œil bleu se mêlaient aux flamboiements de son œil noir, elle était surnaturelle. Gwynplaine, défaillant, se sentait vaincu par la pénétration profonde d’une telle approche.

— Je t’aime ! cria-t-elle.

Et elle le mordit d’un baiser.

Homère a des nuages qui peut-être allaient devenir nécessaires sur Gwynplaine et Josiane comme sur Jupiter et Junon. Pour Gwynplaine, être aimé par une femme qui avait un regard et qui le voyait, avoir sur sa bouche informe une pression de lèvres divines, c’était exquis et fulgurant. Il sentait devant cette femme pleine d’énigmes tout s’évanouir en lui. Le souvenir de Dea se débattait dans cette ombre avec de petits cris. Il y a un bas-relief antique qui représente le sphinx mangeant un amour ; les ailes du doux être céleste saignent entre ces dents féroces et souriantes.