Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/287

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d’avance son enterrement. En Caërnarvon, à Traith-maur comme à Traith-bichan, l’épuisement des pauvres est horrible. À Strafford, on ne peut dessécher le marais, faute d’argent. Les fabriques de draperie sont fermées dans tout le Lancashire. Chômage partout. Savez-vous que les pêcheurs de hareng de Harlech mangent de l’herbe quand la pêche manque ? Savez-vous qu’à Burton-Lazers il y a encore des lépreux traqués, et auxquels on tire des coups de fusil s’ils sortent de leurs tanières ? À Ailesbury, ville dont un de vous est lord, la disette est en permanence. À Penckridge en Coventry, dont vous venez de doter la cathédrale et d’enrichir l’évêque, on n’a pas de lits dans les cabanes, et l’on creuse des trous dans la terre pour y coucher les petits enfants, de sorte qu’au lieu de commencer par le berceau, ils commencent par la tombe. J’ai vu ces choses-là. Mylords, les impôts que vous votez, savez-vous qui les paie ? Ceux qui expirent. Hélas ! vous vous trompez. Vous faites fausse route. Vous augmentez la pauvreté