Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/288

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du pauvre pour augmenter la richesse du riche. C’est le contraire qu’il faudrait faire. Quoi, prendre au travailleur pour donner à l’oisif, prendre au déguenillé pour donner au repu, prendre à l’indigent pour donner au prince ! Oh, oui, j’ai du vieux sang républicain dans les veines. J’ai horreur de cela. Ces rois, je les exècre ! Et que les femmes sont effrontées ! On m’a conté une triste histoire. Oh ! je hais Charles II ! Une femme que mon père avait aimée s’est donnée à ce roi, pendant que mon père mourait en exil, la prostituée ! Charles II, Jacques II ; après un vaurien, un scélérat ! Qu’y a-t-il dans le roi ? un homme, un faible et chétif sujet des besoins et des infirmités. À quoi bon le roi ? Cette royauté parasite, vous la gavez. Ce ver de terre, vous le faites boa. Ce ténia, vous le faites dragon. Grâce pour les pauvres ! vous alourdissez l’impôt au profit du trône. Prenez garde aux lois que vous décrétez. Prenez garde au fourmillement douloureux que vous écrasez. Baissez les yeux. Regardez à vos pieds. Ô grands, il y a des petits !