Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/351

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pensée possible en ce monde des grands et des puissants dans lequel une fatalité l’avait fait naître et dont une autre fatalité l’avait fait sortir. Il y avait, entre les hommes et son visage, un masque, et, entre la société et son esprit, une muraille. En se mêlant, dès l’enfance, bateleur nomade, à ce vaste milieu vivace et robuste qu’on nomme la foule, en se saturant de l’aimantation des multitudes, en s’imprégnant de l’immense âme humaine, il avait perdu, dans le sens commun de tout le monde, le sens spécial des classes reines. En haut, il était impossible. Il arrivait tout mouillé de l’eau du puits Vérité. Il avait la fétidité de l’abîme. Il répugnait à ces princes, parfumés de mensonges. À qui vit de fiction, la vérité est infecte. Qui a soif de flatterie revomit le réel, bu par surprise. Ce qu’il apportait, lui Gwynplaine, n’était pas présentable ; c’était, quoi ? la raison, la sagesse, la justice. On le rejetait avec dégoût.

Il y avait là des évêques. Il leur apportait Dieu. Qu’était-ce que cet intrus ?