Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/352

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Les pôles extrêmes se repoussent. Nul amalgame possible. La transition manque. On avait vu, sans qu’il y eût eu d’autre résultat qu’un cri de colère, ce vis-à-vis formidable : toute la misère concentrée dans un homme face à face avec tout l’orgueil concentré dans une caste.

Accuser est inutile. Constater suffit. Gwynplaine constatait, dans cette méditation au bord de son destin, l’immensité inutile de son effort. Il constatait la surdité des hauts lieux. Les privilégiés n’ont pas d’oreille du côté des déshérités. Est-ce la faute des privilégiés ? non. C’est leur loi, hélas ! Pardonnez-leur. S’émouvoir, ce serait abdiquer. Où sont les seigneurs et les princes, il ne faut rien attendre. Le satisfait, c’est l’inexorable. Pour l’assouvi, l’affamé n’existe point. Les heureux ignorent, et s’isolent. Au seuil de leur paradis comme au seuil de l’enfer, il faut écrire : « Laissez toute espérance. »

Gwynplaine venait d’avoir la réception d’un spectre entrant chez les dieux.

Ici tout ce qu’il avait en lui se soulevait. Non,