Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/361

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Et c’est de cela qu’il s’était laissé séparer ! c’est de cet être adorable, c’est de ce cœur, c’est de cette adoption, c’est de cette tendresse, c’est de ce divin regard aveugle, le seul qui le vît sur la terre, qu’il s’était éloigné ! Dea, c’était sa sœur ; car il sentait d’elle à lui la grande fraternité de l’azur, ce mystère qui contient tout le ciel. Dea, quand il était petit, c’était sa vierge ; car tout enfant a une vierge, et la vie a toujours pour commencement un mariage d’âmes consommé en pleine innocence, par deux petites virginités ignorantes. Dea, c’était son épouse, car ils avaient le même nid sur la plus haute branche du profond arbre Hymen. Dea, c’était plus encore, c’était sa clarté ; sans elle tout était le néant et le vide, et il lui voyait une chevelure de rayons. Que devenir sans Dea ? que faire de tout ce qui était lui ? Rien de lui ne vivait sans elle. Comment donc avait-il pu la perdre de vue un moment ? Ô infortuné ! Entre son astre et lui il avait laissé se faire l’écart, et, dans ces redoutables gravi-