Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/366

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C’était la troisième nuit qu’il ne dormait pas. Il avait la fièvre. Ses idées, qu’il croyait claires, étaient troubles. Il sentait un impérieux besoin de sommeil. Il demeura ainsi quelques instants penché sur cette eau ; l’ombre lui offrait le grand lit tranquille, l’infini des ténèbres. Tentation sinistre.

Il ôta son habit, le plia et le posa sur le parapet. Puis il déboutonna son gilet. Comme il allait l’ôter, sa main heurta dans la poche quelque chose. C’était le red-book que lui avait remis le librarian de la chambre des lords. Il retira ce carnet de cette poche, l’examina dans la lueur diffuse de la nuit, y vit un crayon, prit ce crayon, et écrivit, sur la première page blanche qui s’ouvrit, ces deux lignes :

« Je m’en vais. Que mon frère David me remplace et soit heureux.

Et il signa : Fermain Clancharlie, pair d’Angleterre.

Puis il ôta le gilet et le posa sur l’habit. Il ôta son chapeau, et le posa sur le gilet. Il mit