Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/384

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ment elle dort. Le sommeil, c’est un sursis. C’est le bon aveuglement. Comment faire pour qu’on ne vienne pas piétiner par ici ? Messieurs, s’il y a là quelqu’un sur le pont, je vous en prie, ne faites pas de bruit. N’approchez pas, si cela vous est égal. Vous savez, une personne d’une santé délicate, il faut des ménagements. Elle a de la fièvre, voyez-vous. C’est tout jeune. C’est une petite qui a de la fièvre. Je lui ai mis ce matelas dehors pour qu’elle ait un peu d’air. J’explique cela afin qu’on ait égard. Elle est tombée de lassitude sur le matelas, comme si elle perdait connaissance. Mais elle dort. Je voudrais bien qu’on ne la réveillât pas. Je m’adresse aux femmes, s’il y a là des ladies. Une jeune fille, c’est une pitié. Nous ne sommes que de pauvres bateleurs, je demande qu’on ait un peu de bonté, et puis, s’il y a quelque chose à payer pour qu’on ne fasse pas de bruit, je paierai. Je vous remercie, mesdames et messieurs. Y a-t-il quelqu’un là ? Non. Je crois qu’il n’y a personne. Je parle en pure perte. Tant mieux.