Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/420

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instants. Ne t’impatiente pas. Ah ! mon Dieu, que je souffre ! Tu ne m’en veux pas, n’est-ce pas ? Tu comprends bien que je n’ai pas pu faire autrement puisque c’est le wapentake qui est venu me chercher. Tu vas voir que tu vas respirer mieux tout à l’heure. Dea, tout vient de s’arranger. Nous allons être heureux. Ne me mets pas au désespoir. Dea ! je ne t’ai rien fait !

Ces paroles n’étaient pas dites, mais sanglotées. On y sentait un mélange d’accablement et de révolte. Il sortait de la poitrine de Gwynplaine un gémissement qui eût attiré des colombes et un rugissement qui eût fait reculer des lions.

Dea lui répondit, d’une voix de moins en moins distincte, s’arrêtant presque à chaque mot :

— Hélas ! c’est inutile. Mon bien-aimé, je vois bien que tu fais ce que tu peux. Il y a une heure, je voulais mourir, à présent je ne voudrais plus. Gwynplaine, mon Gwynplaine adoré, comme nous avons été heureux ! Dieu t’avait mis dans ma vie, il me retire de la tienne. Voilà