Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/179

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Les horizons pleins d’ombre et de rocs chevelus, Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus, Luisaient comme le songe et comme le vertige, Dans une profondeur d’éclair et de prodige ; L’Éden pudique et nu s’éveillait mollement ; Les oiseaux gazouillaient un hymne si charmant, Si frais, si gracieux, si suave et si tendre, Que les anges distraits se penchaient pour l’entendre ; Le seul rugissement du tigre était plus doux ; Les halliers où l’agneau paissait avec les loups, Les mers où l’hydre aimait l’alcyon, et les plaines Où les ours et les daims confondaient leurs haleines, Hésitaient, dans le chœur des concerts infinis, Entre le cri de l’antre et la chanson des nids. La prière semblait à la clarté mêlée ; Et sur cette nature encore immaculée