Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/162

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e vulgaire,
Condamné Barabbas, et dit : Deux fois malheur !
Mort sur le meurtrier et mort sur le voleur !

Rosmophim dit : — Au nom du sanhédrin ! — L’esclave
S’incline, et Rosmophim reprend d’une voix grave,
Pendant que son regard sur le guèbre tombait :
— As-tu quelque tronc d’arbre à faire un grand gibet ;

Dans une sorte d’antre au fond de la masure
Gisaient de noirs poteaux de diverse mesure ;
Le payen remua ces affreux blocs dormants,
Ainsi qu’un fossoyeur trouble un tas d’ossements,
Et l’on en voyait fuir des bêtes qu’on ignore ;
Les poutres retombaient sur la terre sonore ;
Soudain l’homme, que l’âtre aidait de sa clarté,
Poussant un dernier bloc, non sans peine écarté,
Montra du doigt au prêtre un madrier difforme,
Ayant le poids du chêne avec les nœuds de l’orme,
Lourd, vaste, et comme empreint de cinq doigts monstrueux ;
On voyait au gros bout, renflement tortueux,
On ne sait quelle tache épouvantable et sombre,
Et l’on eût dit du sang élargi dans de l’ombre.
Rosmophim regarda la poutre, maugréant :
— Serait-ce le bâton de marche d’un géant ?

— Seigneur, c’est en effet cela, dit l’idolâtre.