Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/164

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Oh ! quelle auge de porcs, quelle cuve de fange,
Quelle étable inouïe, épouvantable, étrange,
Femmes, essuierez-vous avec ce drapeau-là ?
Jamais dans plus de nuit un peuple ne croula.
Désespoir ! désespoir de voir mes Alpes sombres
Honteuses, projeter leurs gigantesques ombres
Jusque dans l’antichambre infâme des tyrans !
Cieux profonds, purs azurs sacrés et fulgurants,
Laissez-moi m’en aller dans vos gouffres sublimes !
Que je perde de vue, au fond des clairs abîmes,
La terre, et l’homme, acteur féroce ou vil témoin !
Ô sombre immensité, laisse-moi fuir si loin
Que je voie, à travers tes prodigieux voiles,
Décroître le soleil et grandir les étoiles !