Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/233

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Et rien ne le repousse et rien ne le refuse ;
Et l’on entend parler sa grande voix confuse.

Par moments la tempête accourt, le ciel pâlit,
L’autan bouleversant les flots de l’air, emplit
L’espace d’une écume affreuse de nuages ;
Mais qu’importe à l’esquif de la mer sans rivages !
Seulement, sur son aile il se dresse en marchant ;
Il devient formidable à l’abîme méchant,
Et dompte en frémissant la trombe qui se creuse.
On le dirait conduit dans l’horreur ténébreuse
Par l’âme des Leibnitz, des Fultons, des Képlers ;
Et l’on croit voir, parmi le chaos plein d’éclairs,
De détonations, d’ombre et de jets de soufre,
Le sombre emportement d’un monde dans un gouffre.