Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/68

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Est-ce que le tonnerre est absent quelquefois ?
Est-ce qu’il n’est pas temps que la foudre se prouve,
Cieux profonds, en broyant ce chien, fils de la louve ?
Oh ! sois maudit, maudit, maudit, et sois maudit,
Ratbert, empereur, roi, césar, escroc, bandit !
Ô grand vainqueur d’enfants de cinq ans ! maudits soient
Les pas que font tes pieds, les jours que tes yeux voient,
Et la gueuse qui t’offre en riant son sein nu,
Et ta mère publique, et ton père inconnu !
Terre et cieux ! c’est pourtant bien le moins qu’un doux être
Qui joue à notre porte et sous notre fenêtre,
Qui ne fait rien que rire et courir dans les fleurs,
Et qu’emplir de soleil nos pauvres yeux en pleurs,
Ait le droit de jouir de l’aube qui l’enivre,
Puisque les empereurs laissent les forçats vivre,
Et puisque Dieu, témoin des deuils et des horreurs,
Laisse sous le ciel noir vivre les empereurs ! »