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LE LABEUR

mensité se manifeste ; une diatomée en une heure produit treize cents millions de diatomées.

Quelle proposition de toutes les énigmes à la fois !

L’irréductible est là.

On est contraint à la foi. Croire de force, tel est le résultat. Mais avoir foi ne suffit pas pour être tranquille. La foi a on ne sait quel bizarre besoin de forme. De là les religions. Rien n’est accablant comme une croyance sans contour.

Quoi qu’on pense et quoi qu’on veuille, quelque résistance qu’on ait en soi, regarder l’ombre, ce n’est pas regarder, c’est contempler.

Que faire de ces phénomènes ? Comment se mouvoir sous leur convergence ? Décomposer cette pression est impossible. Quelle rêverie ajuster à tous ces aboutissants mystérieux ? Que de révélations abstruses, simultanées, balbutiantes, s’obscurcissant par leur foule même, sortes de bégaiements du verbe ! L’ombre est un silence ; mais ce silence dit tout. Une résultante s’en dégage majestueusement, Dieu. Dieu, c’est la notion incompressible. Elle est dans l’homme. Les syllogismes, les querelles, les négations, les systèmes, les religions, passent dessus sans la diminuer. Cette notion, l’ombre tout entière l’affirme. Mais le trouble est sur tout le reste. Immanence formidable. L’inexprimable entente des forces se manifeste par le maintien de toute cette obscurité en équilibre. L’univers pend ; rien ne tombe. Le déplacement incessant et démesuré s’opère sans accident et sans fracture. L’homme participe à ce mouvement de translation, et la quantité d’oscillation qu’il subit, il l’ap-