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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

mille planétaire, le pollen zodiacal, le quid divinum des courants, des effluves, des polarisations et des attractions ; il y a l’embrassement et l’antagonisme, un magnifique flux et reflux d’antithèse universelle, l’impondérable en liberté au milieu des centres ; il y a la sève dans les globes, la lumière hors des globes, l’atome errant, le germe épars, des courbes de fécondation, des rencontres d’accouplement et de combat, des profusions inouïes, des distances qui ressemblent à des rêves, des circulations vertigineuses, des enfoncements de mondes dans l’incalculable, des prodiges s’entre-poursuivant dans les ténèbres, un mécanisme une fois pour toutes, des souffles de sphères en fuite, des roues qu’on sent tourner ; le savant conjecture, l’ignorant consent et tremble ; cela est et se dérobe ; c’est inexpugnable ; c’est hors de portée, c’est hors d’approche. On est convaincu jusqu’à l’oppression. On a sur soi on ne sait quelle évidence noire. On ne peut rien saisir. On est écrasé par l’impalpable.

Partout l’incompréhensible ; nulle part l’inintelligible.

Et à tout cela ajoutez la question redoutable : cette immanence est-elle un Être ?

On est sous l’ombre. On regarde. On écoute.

Cependant la sombre terre marche et roule ; les fleurs ont conscience de ce mouvement énorme ; la silène s’ouvre à onze heures du soir et l’hémérocalle à cinq heures du matin. Régularités saisissantes.

Dans d’autres profondeurs la goutte d’eau se fait monde, l’infusoire pullule, la fécondité géante sort de l’animalcule, l’imperceptible étale sa grandeur, le sens inverse de l’im-