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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Ce coutre était peut-être étranger. Qui sait si ce n’était pas un des navires contrebandiers allant à Plainmont ? Qui sait si ce n’était pas Blasquito lui-même ? En ce cas, non seulement la vie serait sauve, mais la fortune ; et la rencontre de l’écueil Douvres, en hâtant la conclusion, en supprimant l’attente dans la maison visionnée, en dénouant en pleine mer l’aventure, aurait été un incident heureux.

Toute la certitude de la réussite rentra frénétiquement dans ce sombre esprit.

C’est une chose étrange que la facilité avec laquelle les coquins croient que le succès leur est dû.

Il n’y avait qu’une chose à faire.

La Durande, engagée dans les rochers, mêlait sa silhouette à la leur, se confondait avec leur dentelure où elle n’était qu’un linéament de plus, y était indistincte et perdue, et ne suffirait pas, dans le peu de jour qui restait, pour attirer l’attention du navire qui allait passer.

Mais une figure humaine se dessinant en noir sur la blancheur crépusculaire, debout sur le plateau du rocher l’Homme et faisant des signaux de détresse, serait sans nul doute aperçue. On enverrait une embarcation pour recueillir le naufragé.

Le rocher l’Homme n’était qu’à deux cents brasses. L’atteindre à la nage était simple, l’escalader était facile.

Il n’y avait pas une minute à perdre.

L’avant de la Durande était dans la roche, c’était du haut de l’arrière, et du point même où était Clubin, qu’il fallait se jeter à la nage.

Il commença par mouiller une sonde et reconnut qu’il y