Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/177

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les capitaines et les surcomites des navires étaient nobles vénitiens. La république avait toujours en mer quarante galères, dont vingt grosses. Elle avait dans son admirable arsenal, unique au monde, deux cents galères, des ouvriers capables de mettre hors du port trente vaisseaux en dix jours, et un armement suffisant pour toutes les marines de la terre.

Le Saint-Siège était d’un grand secours. Rien n’est plus curieux que de rechercher aujourd’hui quel prince temporel, quelle puissance politique et militaire il y avait alors dans le pape, si haut situé comme prince spirituel. Rome, qui avait eu jadis cinquante milles d’enceinte, n’en avait plus que seize ; ses portes, divisées autrefois en quatorze régions, étaient réduites à treize ; elle avait subi sept grands pillages historiques ; mais, quoique violée, elle était restée sainte ; quoique démantelée, elle était restée forte. Rome, s’il nous est permis de rappeler ce que nous avons dit ailleurs, sera toujours Rome. Le pape tenait une des marches d’Italie, Ancône, et l’un des quatre duchés lombards, Spolette ; il avait Ancône, Comachio et les bouches du Pô sur le golfe de Venise, Civita Vecchia sur la mer Tyrrhène. L’état de l’église comprenait la campagne de Rome et le patrimoine de saint Pierre, la Sabine, l’Ombrie, c’est-à-dire toute l’ombre de l’Apennin, la marche d’Ancône, la Romagne, le duché de Ferrare, le pays de Pérouse, le Bolonais et un peu de Toscane ; une ville du premier ordre, Rome ; une du second, Bologne ; huit du troisième, Ferrare, Pérouse, Ascoli, Ancône, Forli, Ravenne, Fermo et Viterbe ; quarante-cinq places de tout rang, parmi lesquelles Rimini, Cesena, Faënza et Spolette ; cinquante évêchés et un million et demi d’habitants. En outre, le saint-père possédait en France le comtat Venaissin, qui avait pour cœur le redoutable palais-forteresse d’Avignon. L’état romain, vu sur une carte, présentait la forme, qu’il a encore, d’une figure assise dans la grave posture des dieux d’égypte, avec l’Abbruzze pour chaise, Modène et la Lombardie sur sa tête, la Toscane sur sa poitrine, la terre de Labour sous ses pieds, adossée à l’Adriatique et ayant la Méditerranée jusqu’aux genoux. Le souverain pontife était riche. Il semait des indulgences et