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et monumens de l’amérique.

Diaz, de Motolinia et d’autres auteurs espagnols qui ont observé les Mexicains avant les changemens qu’ils ont éprouvés par leurs communications avec l’Europe, on est étonné qu’une férocité extrême dans les cérémonies religieuses puisse se trouver chez un peuple dont l’état social et politique rappelle, sous d’autres rapports, la civilisation des Chinois et des Japonois. Les Aztèques ne se contentoient pas de teindre de sang leurs idoles, comme font encore les Chamans tartares, qui cependant ne sacrifient aux Nogats que des bœufs et des moutons ; ils dévoroient même une partie du cadavre que les prêtres jetoient au bas de l’escalier du téocalli après en avoir arraché le cœur. On ne peut s’occuper de ces objets sans se demander si ces coutumes barbares, que l’on retrouve aussi dans les îles de la mer du Sud, chez des peuples dont la douceur des mœurs nous a été trop vantée, auroient cessé d’elles-mêmes ; si les Mexicains[1], sans avoir aucune communication avec les Espagnols, avoient continué à faire des progrès vers la civilisation. Il est

  1. Langlès, Rituel des Tatars-Mantchoux, p. 18.