Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
vues des cordillères,

probable que cette réforme bienfaisance dans leur culte, ce triomphe de la déesse des moissons sur les dieux du carnage, n’auroit eu lieu que très-tard.

Dans l’Amérique méridionale, le peuple le plus puissant, les Péruviens, suivoit le culte du soleil. Les guerres les plus cruelles furent entreprises par les Incas pour introduire une religion douce et paisible ; les sacrifices humains cessèrent partout où les descendans de Manco-Capac apportèrent leurs lois, leurs divisions en castes, leurs langues et leur despotisme monastique. Dans le pays d’Anahuac, le culte sanguinaire d’Huitzilopochtli devint dominant à mesure que l’empire mexicain engloutis soit tous les états voisins. La grandeur de cet empire étoit fondée sur une coalition intime de la classe des prêtres avec la noblesse destinée au métier des armes. Le grand-prêtre Teoteuctli (Seigneur divin) étoit généralement un prince du sang royal ; aucune guerre ne pouvoit être entreprise sans son aveu. Les prêtres même alloient au combat[1], et étoient

  1. Peintures hiéroglyphiques du recueil de Mendoza. Thevenot, Tom. IV, fol. 57.