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vues des cordillères,

de l’Inca, au Pullal, dont chacune a plus de cinquante-huit mètres de long : il est formé d’un mélange de petites pierres et de marne argileuse, qui fait effervescence avec les acides ; c’est un vrai mortier, dont j’ai retiré, au moyen d’un couteau, des portions considérables, en creusant dans les interstices que laissent les assises parallèles des pierres. Ce fait mérite quelque attention, parce que les voyageurs qui m’ont précédé ont tous assuré que les Péruviens ne connoissoient point l’usage du ciment ; mais on a eu tort de supposer cette ignorance chez eux, de même que chez les anciens habitans de l’Égypte : les Péruviens n’employoient pas seulement un mortier marneux ; dans les grands édifices de Pacaritambo[1], ils ont fait usage d’un ciment d’asphalte (betun), mode de construction qui, sur les bords de l’Euphrate et du Tigre, remonte à la plus haute antiquité.

Le porphyre qui a servi aux édifices du Cañar est taillé en parallélipipèdes, avec une telle perfection que les joints des pierres

  1. Cieça, Chronica del Peru (Anvers, 1554), p. 234.