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et monumens de l’amérique.

seroient imperceptibles, comme le remarque très-bien M. de La Condamine[1], si leur surface extérieure étoit plane : mais la face extérieure de chaque pierre est légèrement convexe et coupée en biseau vers les bords ; en sorte que les joints forment de petites cannelures qui servent d’ornemens, comme les séparations des pierres dans les ouvrages rustiques. Cette coupe de pierres, que les architectes italiens appellent bugnato, se retrouve dans les ruines du Callo, près de Mulalo, où je l’ai dessinée en détail[2] ; elle donne aux murs des édifices péruviens une grande ressemblance avec de certaines constructions romaines, par exemple, avec le muro di Nerva à Rome.

Ce qui caractérise surtout les monumens de l’architecture péruvienne, c’est la forme des portes, qui avoient généralement dix-neuf à vingt décimètres (six à huit pieds) d’élévation, afin que l’inca ou d’autres grands seigneurs pussent y passer, quoique portés dans un brancard sur les épaules de leurs vassaux.

  1. Mémoires de l’académie de Berlin, 1746, p. 443.
  2. Voyez Pl. xxiv. (ix de l’édition in-8o.)