Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
et monumens de l’amérique.

que la surface supérieure de la pierre offre une rainure assez profonde, qui paroît avoir servi pour faire écouler le sang.

Malgré ces apparences de preuves, j’incline à croire que la pierre dite des sacrifices n’a jamais été placée à la cime d’un téocalli, mais qu’elle étoit une de ces pierres appelées témalacatl, sur lesquelles se livroit le combat de gladiateurs entre le prisonnier destiné à être immolé à un guerrier mexicain. La vraie pierre des sacrifices, celle qui couronnoit la plate-forme des téocallis, étoit verte, soit de jaspe, soit peut-être de jade axinien : sa forme étoit celle d’un parallélépipède de quinze à seize décimètres de longueur, et d’un mètre de largeur ; sa surface étoit convexe, afin que la victime étendue sur la pierre eût la poitrine plus élevée que le reste du corps. Aucun historien ne rapporte que cette masse de pierre verte ait été sculptée : la grande dureté des roches de jaspe et de jade s’opposait sans doute à l’exécution d’un bas-relief. En comparant le bloc cylindrique de porphyre trouvé sur la grande place de Mexico, à ces pierres oblongues sur lesquelles la victime étoit jetée