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vues des cordillères,

indiquer l’existence d’un ancien lac. La rivière de Funzha, communément appelée Rio de Bogota, après avoir réuni les eaux de la vallée, s’est frayée un chemin à travers les montagnes situées au sud-ouest de la ville de Santa-Fe. C’est près de la ferme de Tequendama qu’elle sort de la vallée, en se précipitant, par une ouverture étroite, dans une crevasse qui descend vers le bassin de la rivière de la Madeleine. Si l’on tentoit de fermer cette ouverture, la seule que présente la vallée de Bogota, on convertiront peu à peu ces plaines fertiles en un lac semblable aux lacs mexicains.

Il est facile de reconnaître l’influence que ces faits géologiques ont exercée sur les traditions des anciens habitans de ces contrées. Nous ne déciderons pas si, chez des peuples qui n’étoilent pas très-éloignés de la civilisation, l’aspect des lieux a fait imaginer des hypothèses sur les premières révolutions du globe, ou si les grandes inondations de la vallée de Bogota sont assez récentes pour que la mémoire ait pu s’en conserver parmi les hommes. Partout des traditions historiques sont mêlées à des opinions religieuses, et il