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et monumens de l’amérique.

L’intercalation de treize jours donnoit lieu à la grande fête séculaire appelée xiuhmolpia ou toxiuhmolpilia (ligature de nos années), et décrite par tous les historiens de la conquête. Les Mexicains croyoient, d’après une prédiction très-ancienne, que la fin du monde arriveront à la fin d’un cycle de cinquante-deux ans ; que le soleil ne reparoîtroit plus sur l’horizon, et que les hommes seroient dévorés par des génies malfaisans et d’une figure hideuse, connus sous le nom de Tzitzimimes. Cette croyance tenoit sans doute à la tradition toltèque des quatre âges, d’après laquelle la terre avoit déjà subi quatre grandes révolutions, dont trois étoient arrivées à la fin d’un cycle. Le peuple passoit dans une profonde consternation les cinq jours épagomènes qui précédoient le xiuhmolpia : le cinquième jour, le feu sacré étoit éteint dans les temples, par ordre du teoteuctli, ou grand-prêtre : dans les couvens, dont le nombre étoit aussi considérable à Ténochtitlan qu’il l’est depuis les temps les plus reculés au Tibet et au Japon, les religieux ou tlamacazquis se livroient à la prière : à l’approche de la nuit, personne n’osoit allumer du feu dans sa maison ; on brisoit les vases