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vues des cordillères,

d’argile, on déchiroit ses habits, on détruisoit ce qu’on possèdent de plus précieux, parce que tout paroissoit inutile au moment terrible du dernier jour. Par une superstition bizarre, les femmes enceintes devenoient des objets d’épouvante pour les hommes : on leur cachoit la figure sous des masques faits de papier d’agave : on les enfermoit même dans les magasins de maïs, parce qu’on étoit persuadé que si le cataclysme avoit lieu, les femmes transformées en tigres se joindroient aux génies malfaisans (tzitzimimes) pour se venger de l’injustice des hommes[1].

C’étoit dans la soirée du dernier jour des nemontemi, qui est présidé par le signe du serpent, que commençoit la fête du feu nouveau. Les prêtres prenoient les vêtemens de leurs dieux ; et, suivis d’une immense foule de peuple, ils alloient, en procession solennelle, à la montagne de Huixachtecatl[2], située à deux lieues de Mexico, entre Iztapallapan et Culhuacan. Cette marche lugubre

  1. Torquemada, de una Fiesta grandissima, Lib. X, c. 33-36, Tom. II, p. 312 et 321. Acosta, Lib. VI, c. 2, p. 259.
  2. Vixachtla, d’après Gomara, Conquist., fol. 133 (a)