Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/107

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éreinté, fourbu, gravissant péniblement la côte, suçant son brûle-gueule pour longtemps vide, suivi de chiens, d’invraisemblables chiens superbes de bâtardises multipliées, de tristes chiens accoutumés comme leur maître à toutes les famines et à toutes les puces.

Et c’est alors surtout que le charme dolent des banlieues opère ; c’est alors surtout que la beauté toute-puissante de la nature resplendit, car le site est en parfait accord avec la profonde détresse des familles qui le peuplent.

Créée incomplète dans la prévision du rôle que l’homme lui assignera, la nature attend de ce maître son parachèvement et son coup de fion.

Bâtisses somptueuses aidant à l’aspect des quartiers habités par les gens riches, villas tachant de jaune beurre et de blanc frais des campagnes reposées et joyeuses, Parcs-Monceau maquillés comme les femmes qui s’y posent, hauts fourneaux et grandes forges se dressant dans des paysages épuisés et grandioses comme eux, telle est l’immuable loi.

Et c’est pour l’appliquer, c’est pour réaliser l’instinct d’harmonie qui nous obsède, que nous avons délégué les ingénieurs afin d’assortir la nature à nos besoins, afin de la mettre à l’unisson avec les douces ou pitoyables vies qu’elle a charge d’encadrer et de réfléchir.