Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/137

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gourdes, les gourdes à pitons olive des vieux poussahs !

À regarder cet étiage des gorges, ce musée Curtius des seins, l’on songe vaguement à ces caves où reposent les sculptures antiques du Louvre, où le même torse éternellement répété fait la joie apprise des gens qui le contemplent, en bâillant, les jours de pluie.

Mais, combien grande est la différence qui existe entre ces marbres inhumains et la percaline rebondie de ces terribles pièces. Les poitrines grecques, taillées suivant une formule stipulée par le goût des siècles, sont désormais mortes ; aucune suggestion ne peut plus maintenant émaner pour nous de ces formes convenues, sculptées dans une froide matière dont nos yeux sont las. — Puis, disons-le, quel dégoût ce serait si la Parisienne étalait au déshabillage d’impeccables appas et s’il nous fallait baladiner, les jours de fautes, des gorges monotones et des seins pareils !

Combien supérieurs aux mornes statues des Vénus, ces mannequins si vivants des couturiers ; combien plus insinuants ces bustes capitonnés dont la vue évoque de longues rêveries : — rêveries libertines en face des tétons éphébiques et des pis talés — rêveries charitables, en face des mamelles vieillies, recroquevillées par la chlorose ou bouffies par la graisse ; car on pense aux douleurs des