Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/181

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sait sa mère et il travailla de son mieux, emportant tous les prix, compensant aux yeux de l’économe le mépris qu’inspirait sa situation de pauvre hère, par des succès au grand concours. C’était un garçon très intelligent et, malgré sa jeunesse, déjà rassis. À voir la misérable existence que menait sa mère, enfermée, du matin au soir, dans une cage de verre, toussant, la main devant la bouche, sur des livres, demeurant timide et douce dans l’insolent brouhaha d’un magasin plein d’acheteurs, il comprit qu’il ne fallait compter sur aucune clémence du sort, sur aucune justice de la destinée.

Aussi eut-il le bon sens de ne pas écouter les suggestions de ses professeurs qui le chauffaient en vue d’exhausser leur réputation et de gagner des grades et, tâchant d’arrache-pied, il passa son baccalauréat, après sa seconde.

Il lui fallait sans tarder une place qui allégeât le pesant fardeau que supportait sa mère ; il demeura longtemps sans en découvrir, car son aspect chétif ne prévenait pas en sa faveur et sa jambe gauche boitait, par suite d’un accident survenu au collège, dans son enfance ; enfin, la malechance sembla tourner ; Jean concourut pour une place d’employé dans un ministère et il fut admis avec les appointements de quinze cents francs.

Quand son fils lui annonça cette bonne nouvelle Madame Folantin sourit doucement : « Te voilà ton